Ces substances et ingrédients cosmétiques suspects qui ont tout bon !
Dans le monde merveilleux des cosmétiques, il y a des ingrédients cosmétiques et substances qu'on a appris à éviter soit en raison de leurs risques sur la santé suspectés ou avérés, soit en raison de leur impact écologique. Celles là, tout le monde est d'accord qu'il vaut mieux les éviter, par risque réel ou par simple principe de précaution.
Mais il y a également des ingrédients cosmétiques et substances qui sont tout à fait recommandables et qui souffrent pourtant, soit de leur ressemblance avec un autre ingrédient problématique, soit de leur nom barbare qui a tendance à semer le doute, soit -il faut le dire aussi- d'une confusion parfois créée par l'industrie cosmétique elle-même dans un but pas très catholique... chat échaudé craint l'eau froide, c'est bien connu !
Voici un petit récapitulatif de ces ingrédients cosmétiques qui semblent suspects de prime abord, mais qui, en réalité, sont des substances dont l'innocuité et le respect écologique ne sont plus à prouver. Si vous les retrouvez dans l'un de vos produits, sachez que ces ingrédients cosmétiques ont tout bon (enfin presque si l'on en croit Paracelse...) !
Hydrogenated (oil / lecitihin / palm glycérides, etc...)
On l'a vu dans le domaine alimentaire, les huiles hydrogénées, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour la santé. Ils transforment les acides gras en acides gras trans, qui sont néfastes pour les artères et le système cardiovasculaire. En ce qui concerne l'usage cosmétique, il en va tout autrement des huiles hydrogénées !
Les huiles hydrogénées sont des huiles ou corps gras liquides à l'origine, rendus solides par le processus de l'hydrogénation. Ils permettent alors sous cette forme, de gagner en stabilité chimique (ils sont moins sensibles à l'oxydation) et cosmétique (étant plus épais, ils permettent de stabiliser une émulsion en évitant un déphasage, de rendre un baume plus ferme, etc...). On peut imaginer une perte de certains acides gras lors du processus de l'hydrogénation, mais il faut garder à l'esprit qu'une huile hydrogénée (ou estérifiée d'ailleurs) n'a pas vocation à remplacer l'huile végétale correspondante, mais plutôt à apporter des propriétés et des bénéfices sensoriels différents dans la formule. Aucune inquiétude à avoir pour votre santé donc si vous rencontrez cette appellation dans l'un de vos produits.
Cholesterol
Le Cholesterol se retrouve naturellement dans plusieurs produits d'alimentation courants tels l'oeuf, les abats (foie, rognons) ou encore le beurre. On en a effectivement entendu beaucoup à propos du cholestérol dans l'alimentation, de ses effets cumulatifs sur les parois artérielles et les maladies cardio-vasculaires qui peuvent en découler. Le Cholesterol est en effet un lipide de la famille des Stérols. Il n'y a en réalité qu'un seul Cholesterol existant.
De fait, parler de bon ou de mauvais cholesterol est un abus de langage. Son action néfaste / bénéfique ou neutre ne dépend pas de la molécule Cholesterol même, mais plutôt de certaines autres molécules qui vont "transporter" ce Cholesterol dans le sang. Tout comme la question des huiles hydrogénées en alimentaire, le Cholesterol, pour ce qui concerne l'utilisation cosmétique n'a aucune action néfaste, bien au contraire ! C'est en effet un lipide bénéfique de par sa structure chimique (il est amphiphile), pour relipider et donc nourrir la peau (ou les cheveux) et dont les bienfaits peuvent s'apparenter à ceux des phospholipides (comme la lécithine), un effet relipidant par ailleurs bien au dessus de celui de n'importe quelle huile végétale, qui explique l'utilisation courante du cholesterol, des sterols végétaux ou des phospholipides comme agents "surgraissants".
La seule différence qu'on peut faire quant à son utilisation cosmétique est son origine :
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Quand il apparaît sous le nom "Cholesterol", il est presque toujours d'origine animale.
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A l'inverse, on peut retrouver le nom "Sterol" accompagné souvent du nom d'une plante (comme Glycine Soja Sterol), pour désigner des Sterols végétaux, donc l'action est similaire, et qui eux, sont d'origine végétale.
Les personnes adeptes de produits cosmétiques Vegan se tourneront donc plutôt vers les Sterols végétaux que vers le Cholesterol, d'origine animale.
Sodium hydroxide
Ce nom désigne bien sûr la soude caustique, corrosive et fortement irritante à l'état pur. Le sodium hydroxyde est avec les corps gras, l'ingrédient de base des savons. En réagissant avec les acides gras, il accomplit la saponification qui donne des pains de savons solides. A la fin de ce processus de saponification, il ne reste plus de Sodium hydroxyde libre dans la préparation et le produit peut-être utilisé sans danger pour nettoyer la peau. En ce qui concerne les cosmétiques classiques (crèmes, produits nettoyants sans savon, lotions, etc...) le Sodium hydroxyde a une fonction annexe, qui est celle d'ajuster le pH.
Le Sodium hydroxyde étant basique, il va diminuer l'acidité du produit final, en passant par exemple d'un pH acide de 3 (qui peut être irritant pour la peau) à un pH physiologique de 5. C'est dans le cadre de cette fonction qu'on retrouve ce nom Sodium hydroxyde, souvent en fin de liste des ingrédients. Il n'a alors aucun effet quelconque dans le produit, pas plus que la pincée de sel qui sert à lever la pâte à gâteau ne sale pas le gâteau même. Il est utilisé à hauteur de 0,10% environ, et n'a absolument aucune action irritante. Vous n'avez donc rien à craindre si vous retrouver ce nom dans vos produits de soin, c'est simplement un régulateur de pH !
Alcool
Il faut différencier ici 2 choses : les alcool gras (Cetyl/Cetearyl/Behenyl/Stearyl alcool) qui sont des cires grasses et l'Éthanol (ou alcool éthylique). En ce qui concerne l'éthanol donc, son action dépend tout d'abord de sa fonction dans le produit :
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Quand il apparaît dans les 5 premiers ingrédients de la liste, il a alors une vraie fonction dans le produit, où il sert alors de conservateur et est donc employé entre 15 et 20% environ. Il peut alors dans certaines conditions, influencer les propriétés du produit sur la peau/les cheveux. Je vous renvoie vers cet article pour ce qu'il en est réellement de cette utilisation.
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Par contre, quand l'alcool se retrouve vers la fin de la liste, cela indique qu'il n'a pas été introduit lui-même dans la formule, mais qu'il fait partie de l'un des extraits présents (souvent des extraits végétaux dont l'alcool est le solvant). Dans ce cas précis, aucune question à se poser, il est présent en si faible proportion qu'il ne peut avoir aucune incidence lors de l'utilisation du produit pour la peau ou pour les cheveux. On en revient à la pincée de sel dans la pâte à gâteau...
Acide
Cette appellation ne se retrouve jamais seule, mais toujours accompagnée du type d'acide concerné. Quand on parle d'"acide" au sens vulgaire du terme, on pense tout de suite à l'"acide sulfurique", un acide "fort" qu'on retrouve dans des produits corrosifs ou encore dans les batteries de voiture... Pour ce qui concerne l'utilisation cosmétique, bien sûr, hors de question d'utiliser de l'acide sulfurique. Mais on va retrouver d'autres type d'acides, qui sont des acides "faibles".
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Les acides organiques qui ont un pH bas, ont un goût acide, comme les acides de fruits ou de dérivés organiques (AHA, acide citrique, acide lactique, acide acétique, etc...). Ils ont soit une fonction hydratante, astringente (resserre les pores) et kératolytique (élimination des cellules mortes de la peau) et se retrouvent donc dans des produits de peeling ou de dermabrasion, des produits clarifiants, exfoliants. Soit une fonction -tout comme le Sodium hydroxyde- de régulateur de pH, en baissant un pH trop élevé pour le ramener à 5 dans le cas par exemple d'un gel douche ou d'un shampoing (les tensioactifs sont en général basiques).
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Les acides gras (acide stéarique, acide palmitique, acide laurique, etc...) qui ressemblent beaucoup et ont la même fonction que les alcools gras. Ce sont les constituants majeurs et bénéfiques des beurres végétaux (karité, cacao, etc...), auxquels ils donnent leur consistance, leur dureté et leurs propriétés, mais aussi des huiles végétales, selon le type d'acide qu'ils contiennent. Des trésors de bienfaits à recommander donc pour le soin de la peau et des cheveux.
Dicaprylyl ether / Dicaprylyl carbonate
Sous ces noms étranges se cachent en réalité des esters huileux, issus de l'huile végétale de coco, fractionnée pour ne garder que certaines parties précises. Ce sont des émollients très fluides, non gras, légers et non occlusifs qui peuvent être qualifiés de "substituts végétaux des silicones". Ils sont en effet très soyeux, s'étalent très facilement, pénètrent rapidement en laissant un fini doux et permettent d'avoir des produits très sensoriels, au toucher non gras. Ils permettent également de favoriser la pénétration des actifs contenus dans le produit. Et à la grande différence des silicones (ou des huiles minérales pétro-chimiques), ils sont parfaitement écologiques, autant par leur mode d'obtention que par leur côté biodégradable !
Magnésium aluminum silicate
Il s'agit ici d'un ingrédient minéral (du type argile) absolument inerte chimiquement, et qui n'a donc rien à voir avec l'Aluminium chlorhydrate, un sel d'aluminium, suspecté d'être cancérigène et largement utilisé en tant qu'anti-perspirant dans les produits déodorants. Là encore, pas plus d'inquiétude quant à l'utilisation du Magnesium aluminum silicate que celle d'une argile.
Sodium chloride
Ce nom ne fait généralement pas peur pour la santé ou l'environnement, mais on le retrouve parfois épinglé, notamment dans les shampoings, l'accusant de décaper la fibre capillaire en attaquant la kératine. Certains fabricants de lissages à base de kératine déconseillent d'ailleurs d'utiliser des shampoing contenant du Sodium chloride ou Chorure de sodium, afin de prolonger la durée du lissage. Est-ce justifié ?
Le Sodium chloride, Chlorure de sodium ou plus communément le sel de table utilisé en cosmétique a plusieurs fonctions :
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Dans les produits d'hygiène bucco-dentaire par exemple, c'est un agent assainissant et exhausteur de goût.
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Dans les produits de gommage, c'est un agent exfoliant, utilisé largement dans les produits à revendication "marine".
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Dans les produits de nettoyage oculaire, il permet de rendre le produit compatible avec un usage systémique (interne). Le célèbre "sérum physiologique" par exemple, est une solution d'eau pure contenant 0.9% de chlorure de sodium, cette solution est dite alors "isotonique". Il peut donc être utilisé pour nettoyer les yeux, mais peut également être injecté.
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Dans les produits lavants liquides (shampoings, gels douches), il est utilisé cette fois uniquement comme régulateur de viscosité (épaississant). Le chlorure de sodium a en effet la propriété de faire précipiter les sels des tensioactifs anioniques et donc d'épaissir le produit. Cette propriété explique pourquoi le chlorure de sodium se retrouve presque systématiquement dans les shampoings. Et c'est là qu'il est accusé d'être néfaste pour la kératine des cheveux.
Encore une fois, il faut distinguer 2 cas :
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Le produit contient du sel de table comme épaississant. Le dosage usuel est alors de 2 à 4% environ. Cela reste un dosage plus ou moins faible, qui peut avoir une action oxydative sur le cheveu, mais qui reste mineure, voire inexistante.
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Le produit contient du sel de table comme agent actif : le sel inclus dans un shampoing permet par exemple d'apporter du volume et de la légèreté à la chevelure. Dans un produit coiffant, il structure le cheveu (le fameux effet surfeur). Il est alors présent à hauteur de 30% environ, et parfois jusqu'à 50% ou plus.
Là, le souci est déjà plus présent, car on est sur du dosage plus élevé qui a clairement une action dans le produit.
Attention notamment à un mauvais rinçage d'un shampoing au sel, aux produits sans rinçage contenant de hautes doses de sel, surtout quand ils sont suivis d'une exposition des cheveux au soleil.
Tout le monde est au courant qu'il vaut mieux se laver les cheveux après un bain de mer, pour éliminer le sel qui oxyde la fibre, comment peut-on dans ces conditions utiliser sciemment un produits sans rinçage contenant du sel ? Mystère !
L'usage d'un tel produit de façon régulière et prolongée peut en effet résulter en un affadissement de la couleur qui dégorgera plus vite et une sensibilisation de la fibre capillaire par oxydation et attaque de la cuticule, en particulier quand le cheveu est exposé au soleil.
En conclusion sur les ingrédients cosmétiques et substances à priori suspects
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Bonjour!
Merci pour votre article, je compte me lancer dans la fabrication de mes cosmétiques et je suis vraiment ravie d'être tomber sur cet article.
Bonjour j’ai pas mal de produits de beauté à la maison à la soude caustique est ce dangereux
Good
Bonjour !
Tous les articles sont très justes et bien expliqués.
Cependant, sur le point de la soude (sodium hydroxyde), j'aimerais apporter une petite nuance. La fabrication de la soude est un procédé simple mais qui dégage majoritairement un composé dont on peut douter de l'innocuité : le chlore. De plus la réaction est industriellement faire avec une électrode au mercure, bioaccumulatif, polluant... Un métal lourd.
L'utilisation de la soude n'est pas "si bonne", d'autant que l'usage d'un savon (soude+huile) abime complètement le FHL de la peau, rend son pH trop basique et déséquilibre son microbiote, et de part le pH de la solution de savon rejetée, basifie l'eau et ce serait apparemment nocif pour l'environnement également... Qu'en pensez-vous ?
Bonjour,
Je pense que vous ne parlez pas de la même chose que ce qui est expliqué dans cet article.
L'aparté sur le savon a pour but ici d’expliquer très succinctement la saponification et in fine, l’absence de soude libre dans le produit fini qu’est le savon. Il ne rentre en aucun cas dans un débat pour ou contre le savon, car là n’est pas le but de l’article.
Mais plus exactement, l’article parle du fait de retrouver le nom « Sodium hydroxyde » dans un INCI de produit (de soin).
Et le propos est qu’il y figure dans la plupart des cas en tant que régulateur de pH, pas en tant qu’ingrédient actif. Et que de fait, il n’a aucun action sur la peau.
En effet, lorsque le pH d’un produit de soin est ajusté, il avoisine un pH de 5,5 / 6. De ce fait, le produit fini, bien qu’ajusté avec un ingrédient basique, n’en devient pas pour autant lui même basique et à fortiori, corrosif.
Bien à vous.
Super j'y vois plus clair! Certains composants ont des noms tellement bizarres que l'on prend peur!
Merci!
qu'en est-il de l'amonium, du benzoate et de l'acide citrique? on les retrouve dans la plupart des cosmétiques. Sinon, tout va bien, oui...
Merci pour cette article ! J'y vois plus clair
Vous penser quoi du champoing de la marque cosmo naturel au niveau de sa composition
Merci
Ouaw, cet article est hyper complet et surtout très bien expliqué et détaillé, merci pour tous ces éclairages!
C’est vrai que souvent on se contente de suivre ce qu’on a vaguement entendu tel un mouton. :)
Je n’ai encore jamais trouvé de cholesterol dans mes produits. Le « hydrogéné » m’inquiétait un peu, mais le doute est balayé maintenant. ^^
Waouh, super cet article ! ???? Merci beaucoup pour toutes ces explications. ^^
Hello !
Super cet article, j’ai appris des petites choses et ça peut rassurer un peu plus lol.
En tout cas merci pour les info ,-)
ça fait bien plaisir de lire un article un peu lucide sur les compos de produits!